Vendredi 19 janvier au matin le temps est maussade à l'Alpe d'Huez, il neige, il vente mais une éclaircie semble se dessiner et soudain du bleu puis beaucoup de bleu. J’enfile ma panoplie de snowkiter : la peak dans le sac, le harnais à la taille, les pieds dans les chaussures, les skis sur l'épaule, les clefs dans la serrure, je me rue dans la rue puis dans les œufs d'Huez. En montant je donne RDV à un pote pour nous rendre au Col de Poutrand, le vent Nord Ouest semble parfait et je me frotte les mains en attendant mont partenaire qui tarde à venir. Arrivé au Col de Poutrand le vent a faiblit (Burp) et après une demie heure dans un vent de merde mollissant on décide de plier pour monter au Col du Lac Blanc, le vent à l'air furieux au Dôme des Petites rousses et la liaison avec Vaujany me semble compromise. Mais bon comme dit le proverbe : Qui ose gagne !
Direction le DMC arrivé au sommet du deuxième tronçon (2700) il ne nous est pas possible de rejoindre l'Alpette pour prendre la benne de Vaujany, le vent est trop fort le télécabine fermé. Ne reste qu'une solution descendre sur le Lac Blanc et voir sur place. J'entame sur une centaines de mètres la crête de gauche de la piste du deuxième tronçon pour plonger à gauche dans les pentes de neige poudreuse et rejoindre le Lac, La descente et la neige sont tops mais il faut impérativement éviter les petites pentes raides car plaqué et sans doute d'un équilibre précaire.
Sur le lac la visibilité est relativement bonne mais un peut jour blanc quand même, la neige poudreuse et la surface plane, le vent Nord Ouest rafaleux (10/25 kts) mais sympa quand même, nous ridons une bonne heure quand soudain une mega averse de neige envahie le lac (er nous avec), 5 bonnes minutes de kite loop vent arrière dans la neige et le brouillard nous permettent enfin de trouver la sortie et de mettre un terme à cet idylle qui en quelques secondes se transforme en un infâme bordel. Pliage des voiles et redescende à ski par l'insignifiante piste des marmottes avec pour seule visibilité nos spatules. La journée semble anéantie par cette neige qui sévi de façon ininterrompue et à toutes les altitudes mais alors que je suis prêt a jeter l'éponge pour rentrer chez moi, un dernier coup d' oeil aux Grandes Rousses et là je me rends compte que le Pic Blanc est au soleil et au dessus des nuage, Damned, je me tâte (même si ça ne se voit pas), regarde l'heure, 15h30 je décide de tenter ma chance et rembarque dans ce mortifère DMC. 1er tronçon neige et brouillard, 2eme tronçon neige et brouillard et soudain cinquante mètres avant la gare d'arrivée grand bleu.
Dans le DMC avant de sortir de la mouise à 2700
Vue du lac de 2700
Descente en direction du Lac
Lac Blanc légèrement encore dans le pâté, après concertation avec moi même, je décide de redescendre au lac par le même itinéraire que ce matin. La lumière est magnifique, toutes nos traces du matin ont été rebouchées.
Reste plus qu'a sortir la Peak
Je suis seul sur ce matelas maculé de neige fraîche, mon enthousiasme est à son paroxysme et je suis dans un un état d'excitation inhabituel qui m'incites a penser que lorsque le soleil brille par son absence depuis longtemps et que soudain ce que tu souhaite depuis des jours et qui semble inespéré est là devant toi, alors tu as pour obligation d’apprécier et de profiter de ce genres de moments comme il se doit, c'est a dire dans l'outrance, le goinfrage et la démesure...
Piste d'élan de Kilomètre lancé avec cellules et prise de vitesse sur le lac..
Le vent est toujours fort Nord Ouest et irrégulier (15/35 kts) sans doute à cause du fait qu'une partie du lac est sous le vent des crêtes de 2700. S'en suivent deux heures de bonheur a remonter et descendre le lac dans une neige de rêve, a tenter l’ascension des balcons pour essayer de rejoindre la brèche par le sommet des marmotte 2 mais mission impossible, le vent est défléchit et plus je monte plus il tombe du ciel, je renonce pour redescendre et profiter plus bas de ces derniers instants magiques dans un féerique couché de soleil.
Séquence ascension vers les balcons et plus si affinités mais non !!
Back-country dans la peuf
Il est 6 heures du soir quand je largue ma Peak dans un trou salvateur, je n'ai pas froid malgré les -10° et je me sent si bien, médusé par le côté surréaliste de la situation et d'avoir pu profiter seul de ces si grands et merveilleux espaces de liberté...
Ps. En raison des pouvoirs qui ne me sont pas conférés, je déclare par ce petit billet, la classification du Lac Blanc comme nouveau spot officiel de snowkite...