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- Apéro 21 Novembre à partir de 18H30
Éire - Irlande (IRL) - 2 semaines dans l'été 2023
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Dia duit,
Récit de 13 jours passés au pays du vert et de la pierre, des routes sinueuses et de la pluie, pour aller chercher le vent et la vague :
Je ne connais pas l'Irlande (ma compagne un peu), l'idée de découvrir une partie de ce pays fait sens avec sa relative proximité avec la Bretagne et la perspective de ne pas crever de chaud sur le continent. De plus, d'après la bible du windsurfeur et kiteur, les côtes irlandaises recèlent un formidable gisement de spots.
Départ de Haute-Savoie le vendredi 21 juillet pour une montée directe sur les côtes normandes. En préambule, 2 jours du côté d'Arromanches, à vélo, pour visiter les plages du débarquement. Le vent off, souvent présent en cette période, m'empêchera d'effectuer une session à Omaha beach qui est magnifique, couleur caraïbe : quel contraste avec l'histoire. Dimanche 23 juillet pluvieux. Néanmoins le départ du ferry depuis Cherbourg se fait sous une belle éclaircie :
Arrivée à Dublin le lundi matin, avec le recul horaire d'une heure. L'arrivée dans la baie montre un des spots principaux, Dollymount Strand. Il y a l'embarras du choix (une douzaine de spots) mais le vent est d'ouest.
Deux jours de visite, notre camping étant situé à une douzaine de kilomètres du centre, le trajet se fait via Grand Canal, agréable mais truffé de caméras de surveillance et où les Tinkers viennent faire paître leurs chevaux. A ce moment, je regrette de ne pas avoir pris le moutainboard pour profiter des grands espaces de Corkagh Park et du vent présent.
Comté de Clare :
Mercredi 26 juillet, départ pour la traversée de l'Irlande, d'est et ouest et cap sur Doolin, sous une pluie presque continue.
La plage et le petit port de Doolin, à droite de la photo et les îles d'Aran au large :
Le lendemain, temps partiellement couvert, idéal pour un repérage à vélo, en montant sur le plateau de Ballycotton et un détour par les Cliffs of Mother. Je repère au sud la baie de Lahinch et un vent bien disposé pour une première session de kitesurf l'après-midi.
Lahinch ou Lehinch, 10 kilomètres à vol d'oiseau de Doolin, est une baie de presque 3 kilomètres de large et profonde d'environ 8 kilomètres, dont l'extrémité nord est arrosée par l'Inagh river et la dune littorale occupée par un immense golfe. Sans les enrochements réalisés il y a une dizaine d'années, d'après un kiteur irlandais, pas sûr que la physionomie du coin soit restée la même.
Lahinch, ce sont des belles vagues prisées par les surfeurs, face au poste de secours...
... mais avec l'impression tenace de tremper dans un bain de Guinness, avec la couleur de l'eau (à cause de la rivière) et la mousse omniprésente qui enveloppe n'importe quoi :
Ce jour, gréage de ma RRD 12m² + surf Matata à marée descendante (à marée haute, l'eau arrive aux enrochements), avec un vent d'O de 11 à 14 noeuds. Trois séries de mousses à passer pour arriver ensuite à deux séries de vagues. Ce jour-là, je suis le seul en kitesurf, avec un temps plus clément :
Le vendredi 28 juillet, plus de vent, plus d'éclaircies, direction le sauvage et la partie nord de cette côte, à vélo par la superbe route côtière R477. Je voulais repérer la plage de Fanore, non référencée par le guide :
Spot magnifique, pas vraiment de village, des vagues et quelques surfeurs, drapeau rouge et eau à 17°C. Dans mes pensées de navigation je soupèse les variables : apparemment pas mal de rochers cachés et le fort vent de SO peuvent rendre le spot difficile (on est rapidement dégagé du trait de côte et la prochaine halte c'est Gallway !) :
Toujours un petit endroit pour se restaurer, avec notre route de retour en arrière-plan, par Blakesmoutain afin de se protéger du vent de face :
Retour l'après-midi à Lehinch, pour l'espace et la sécurité mais aussi plus de mousse (une Guinness trop vite tirée !). La marée haute m'oblige à marcher un peu pour aller gréer vers l'embouchure de la rivière. Un couple de kitesurfeurs s'échange une aile (9m²) dans cette zone peu profonde. Avec 20 noeuds et la Matata, je grée la Rebel 7m² (voile blanche sur la photo). Cette voile n'est pas adaptée au surf (vieille - 2008 -, trop puissante, peu manoeuvrable, pas de drift) mais je préfère sous-toiler et les vagues ne sont pas si grosses qu'il faille de la puissance pour s'en dégager. Néanmoins, elles referment vite mais laissent de jolis couloirs à marée descendante. Le vent plus fort a attiré du monde (3 wingfoileurs au large) et 5 ou 6 kiteurs dont deux autres en surf strapless, comme moi. Belle session jusqu'à 18h30, avant l'arrivée de la pluie :
Départ du camping de Doolin le samedi 29 juillet et passage par le spot de référence de Spanish Point, à proximité de la ville de Milltown, à une douzaine de kilomètres au sud de Lehinch :
Vue en arrivant par le nord :
Deux voiles (9m²) naviguent déjà vers 11 heures, deux germaniques (d'après l'accent et les voiles - des Core) qui se mettent de sacrés tirs en TT.
20 à 30 noeuds d'OSO mesurés en haut de la plage. ce qui me fait essayer le combo 7m² et petit surf. Hélas, sur la plage, il y a moins de vent et c'est un peu juste pour sortir du shore break :
Je change de support (surf 5'1 --> Matata) et ça va déjà mieux :
Mais, j'aurai pu m'autoriser une sortie en 9m², d'autant plus que le vent descend avec la marée. Les prévisions de Windfinder annonçaient 20 noeuds, avec des vagues de 2,9 mètres avec une fréquence de 9 secondes. Fin de session vers 13 heures, direction le Kerry :
Péninsule de Dingle :
Sans trop réfléchir, on fait la route en contournant l'estuaire de la Shannon river via Limmerick. Pourtant, il y avait un bac pour les voitures à Tarbert. Le détour permet néanmoins de voir l'immensité de cet estuaire et des possibilités pour le kite avec le vent du jour bien présent et qui s'engouffre pleine balle dans ce corridor naturel.
A partir de Tralee, on change de décor, comme si les montagnes du Trièves s'étaient déplacées à proximité de l'océan atlantique :
La route du nord est peu roulante (moins de 50 km/h de moyenne) et au bout de 30 kilomètres, nous arrivons à Brandon Bay, sorte de Beauduc irlandais : une immense plage, large, avec plusieurs points d'accès assez confidentiels. Ici, Fermoyle Strand, avec un kiteur et un wingfoileur. Le vent est off depuis la plage mais l'isthme referme la baie à plus d'une dizaine de kilomètres au NE :
Le massif en arrière-plan qui sépare les deux côtes de la péninsule, Stradbally Mountain à 798 mètres d'altitude :
Et cette magnifique baie, vue depuis An Chonair (Conor Pass) à 456 mètres d'altitude :
Redescente vers le camping de Dingle, notre point de chute pour quelques jours. Lundi 31 juillet, temps gris mais aéré, c'est parti pour la matinée découverte à vélo, par la Wild Atlantic Way. Cette boucle magnifique permet d'enfiler une bonne partie des spots de la péninsule :
Ventry Bay, le spot de flat par excellence, à deux pas de Doolin (à droite), d'orientation SE mais qui couvre un large spectre d'orientations de vent :
Côte nord, Smerwick (plage de gauche), le site de repli quand Brandon Bay est trop fort. Un des meilleurs spots de freeride selon le guide :
Le même spot, vu de la route, la plage n°6 du plan (Ballinranning) est visible, Smerwick est masquée par la topo. Malgré toutes ces découvertes et avec le vent ressenti sur la route côtière, je décide d'aller découvrir un autre spot sur la côte sud, à une vingtaine de kilomètres à l'est de Dingle.
Inch Strand :
Après un bout de route côtière qui surplombe l'estuaire de Castlemaine, une dune de 5 kilomètres de long, en forme de gâchette, apparaît, presque perpendiculaire à la côte :
.L'arrivée sur le strand :
Se tanker sur la plage, une hérésie pour certains mais bien pratique pour se protéger des grains :
Vent d'O, entre 15 et 22 noeuds, mais au vu des conditions safe du spot, je n'hésite pas à sortir surtoilé en 9m². J'ai aussi dans l'idée, au vu de l'orientation favorable du vent, de parcourir le strand :
Une vue un peu dégagée sur la péninsule de Dingle :
Et sur celle de Kerry :
Bref, une session d'enfer, de 15 heures à 18h30, seul à profiter de l'espace et vent légèrement on shore, idéal pour tracer entre les séries mais surtout de longues vagues, des frames mais plusieurs gauches qui m'amènent vers le coin des surfeurs, en face des lifeguards. Hélas, il aura fallu que je me persuade d'un dernier bord avec un downloop mal négocié, avec peu d'appuis sur la face de la vague, pour que mon aille tombe dans l'eau ... et qu'un éclatement se fasse entendre. Diagnostic, un BA un peu vieilli (la voile date de 2011) qui n'a pas résisté à la torsion. Je ne suis pas loin, pas de problème pour revenir mais pas de douche pour rincer le bladder et la voile avant répa.
Inch Strand à 19 heures, avec une perspective un peu plus dégagée, entre les multiples grains qui ont émaillés la session. La marée était haute à 16h20 :
Mardi 1er août, lever de camp, je souhaite faire un dernier détour par Brandon Bay, histoire de rentrer une session sur cet autre site magique. On en profite pour parcourir l'isthme depuis CastleGregory et je jette mon dévolu sur Kilcummin Beach. Je tente en foil et Kitech 9m² mais les 6 noeuds de vent de SO (vent off) s'évaporent avec l'arrivée de la pluie. Avant d'avoir une panure géante, je plie :
J'aurais bien fait encore quelques jours dans cet endroit si prometteur mais l'objectif du jour, c'est la péninsule de Beara, certainement moins propice à la navigation mais qu'est-ce qui peut désormais rivaliser avec Dingle ?
Péninsule de Beara :
Pluie, routes sinueuses et très peu larges, des panoramas de fou qui se dérobent, entre les tunnels de verdure et l'attention requise pour la conduite. Le temps vire à la tempête, il semble difficile de camper à Allihies, alors on se paye un B&B.
La plage d'Allihies, un bon vent mais pas mal de rochers :
Le lendemain, la tempête est là, une curiosité téléportée au bout de la péninsule, pour les habitants de Dursey Island (qui ne marchait pas ce jour-là) :
Sous le vent de l'île mais côté péninsule, ça cogne quand même :
Bref, les éléments ne sont pas de la partie pour randonner, rouler, kiter... dommage pour ce bref passage dans la péninsule de Beara. Donc direction notre dernière étape.
Comté de Cork :
Qui dit changement de péninsule dit routes côtières. Un joli coin de pique-nique, pour les navigateurs à rames :
Arrivée sur la façade sud, déjà moins pluvieuse, Timoleague :
La carte du coin :
Harbour View et son prolongement à droite, avec Coolmain Beach :
Repérée la veille, ce spot me semble plutôt safe malgré ce vent dominant de NNO qui balaie toute la côte sud. La plage de Kilbrittain est à marée basse en milieu d'après-midi, le vent est off mais Coolmain (d'où est parti un wingfoileur) peut constituer une réchappe si problème. Et puis, ça fait envie, non ?
Le vent de terre est bien rafaleux, je pars en foil mais décide de sous-toiler en Wave 4,5m² par sécurité :
Session un peu tendue, je ne m'amuse pas à rayonner l'estuaire de la rivière Arigidenn jusqu'à Timoleague même si c'est bien tentant mais le vent était vraiment trop pourri :
Le lendemain, vendredi 4 août, c'est ma dernière journée possible de navigation en Irlande, d'autant plus que le vent est annoncé OSO, donc plutôt une bonne configuration pour la côte. Pour y être passé le matin même à vélo, les plages soeurs de Garretstown et de Garrylucas sont tentantes et pas loin du camping :
Plus de surfeurs à Garretstown et plus de place à Garrylucas, je prépare le foil et grée la Kitech9m² sur la deuxième. Avec la marée descendante, le vent est faible (6 à 8 noeuds) et l'eau est vraiment plus froide que sur la côte ouest (effet du Gulf Stream). Le temps de discuter avec un kiteur français installé en Irlande (qui s'est mis à la wing afin de pouvoir naviguer plus régulièrement sur cette côte), le vent forcit jusqu'à 15 noeuds.
Session sympa l'après-midi à naviguer entre les deux plages (la première se recouvre complètement à marée haute) avec toutefois un oeil sur les rochers qui les séparent. La clarté de l'eau joue parfois des tours et donne des sueurs froides. Un seul kiteur à ce jour, avec un monstre de 21m² qui l'empêchait bien de cranter. La pluie arrive, elle qui annonce des trombes d'eau durant la nuit.
Le lendemain, on en profite pour visiter Cork, avant de s'embarquer pour Roscoff le soir-même, au terminal de Ringaskiddy.
Je crois que sur les 13 jours en Irlande, on a eu seulement deux jours sans pluie, les conditions n'étaient pas faciles, surtout en camping. Pour le kite passe encore, il faut juste s'habituer à naviguer par temps gris et avec une combinaison humide. Lifeguards souvent présents sur les plages, à cause des surfeurs mais aucune barrière pour la pratique du kite. Température maximum de 20°C durant le séjour mais plutôt 15° en moyenne. Heureusement, les quelques vrais campings ont des cuisines communes pour s'abriter. Et finalement, sur les 1200 kilomètres effectués durant le séjour, peut-être que le détour par Beara était de trop car on ne roule pas vite sur les routes irlandaises. Cela demande beaucoup de concentration, je me demande comment font les conducteurs de camping-cars.
Gros coup de coeur pour la péninsule de Dingle, un gisement de spots comme j'ai rarement vu, dans des paysages incroyables. L'idée d'y faire une petite retraite me titille, avec pleins de bouquins, une fermette avec feu de tourbe et une paire de bottes doublées d'un k-way. Et puis, finalement, on mange pas si mal en Irlande.
Dernier coup d'oeil sur le vert irlandais, à la sortie de la baie de Cork, à Roches Point. L'arrivée à Roscoff, à 7 heures du matin fût tout aussi magique, avec les premières lumières dans la baie de Morlaix, mais ça, c'est une autre histoire :
Slàn
Sources :
Le Routard Irlande, édition 2022-23
Fonds cartographique : https://www.geohive.ie/
The Kite and Windsurfing Guide Europe, 2006 -
@nicolasroro salut ! Merci pour tes comptes rendus détaillés et agrémenté de photos !
Je sais qu'on ne commente pas beaucoup dessus mais je suis sûr qu'on est plusieurs à les lire avec plaisir -
Merci pour le retour, ça fait plaisir.
La pratique du CR s'est un peu perdue, c'est dommage, car c'est une source d'informations irremplaçable. Pour ma part, je le conçois comme un carnet de voyage, c'est surtout cela qui me motive. Cela demande un peu de travail mais permet de revivre le périple et de le partager, c'est tant mieux .... -
@nicolasroro geniale cette balade en Irlande, agrémentée de toutes ces images. Vraiment sympa à lire et oui, ce type de compte rendu, qui doit demander du temps à rédiger, donne des idées et est parfait pour préparer un futur voyage.
Alors MERCI ! -
Merci.
l'Irlande constitue un gros potentiel. A voir et à revoir.