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Article MeteoFrance : La prévision du risque d'avalanche
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Source : http://comprendre.meteofrance.com/jsp/s ... e_id=16404
La prévision du risque d'avalanche
La neige est un des principaux domaines d'étude de la météorologie, avec l'atmosphère, l'océan ou la banquise. Elle est étudiée dans l'atmosphère où elle se forme, et au sol, où elle constitue le manteau neigeux. En montagne, elle peut représenter un danger mortel lorsqu'elle s'écoule sous forme d'avalanche. En France, une centaine de personnes sont emportées chaque année par une avalanche.
Entretien avec Pierre Etchevers,
responsable du Centre d'études de la neige (CEN) de Météo-France.Comment se produisent les avalanches ?
Pierre Etchevers : Les avalanches dites spontanées se produisent sous l'effet d'agents naturels : chutes de neige, pluies ou rayonnement solaire. Certaines d'entre elles peuvent couvrir de vastes zones et parfois atteindre des routes ou des habitations. Celles-ci sont le plus souvent la conséquence d'abondantes chutes de neige.
Les avalanches dites provoquées sont déclenchées par des skieurs. Les conditions météorologiques influent peu ici. C'est plutôt la qualité de la neige et l'empilement des différentes couches qui sont déterminants. Sur certains manteaux neigeux instables, la surcharge d'un skieur ou d'un piéton peut déclencher une avalanche. La raideur et la forme de la pente jouent aussi un rôle.Quel type d'avalanche est le plus dangereux ?
P. Etchevers : Les avalanches dites spontanées sont potentiellement dévastatrices : une seule avalanche de ce type peut entraîner la mort de nombreuses personnes. Pour limiter leurs effets, des dispositions permanentes en matière de construction ont été prises, avec notamment des ouvrages paravalanches et une réglementation adaptée. En cas de situation avalancheuse prévue, des mesures temporaires permettent de limiter les déplacements ou d'évacuer des zones exposées.
Les avalanches dites provoquées sont la cause principale des accidents mortels par avalanche. En France, on dénombre chaque année une trentaine de victimes. L'enjeu est donc d'identifier les probabilités de déclenchement, de localiser les zones à risques et bien sûr d'informer.C'est donc le rôle de la prévision du risque d'avalanche ?
P. Etchevers : Pour être exact, on devrait plutôt parler "d'estimation" du risque d'avalanche. Ce type de prévision consiste en effet à évaluer la stabilité du manteau neigeux et à envisager ses potentielles ruptures. L'objectif étant de fournir aux pratiquants et professionnels de la montagne une indication utile sur le risque d'avalanche. Indication qu'il devra bien sûr confronter aux observations du terrain.Comment se présente l'information neige et avalanche de Météo-France ?
P. Etchevers : Ce sont les bulletins départementaux d'estimation du risque d'avalanche. Ils sont destinés notamment aux skieurs, surfeurs ou randonneurs et ne couvrent habituellement pas les domaines skiables qui sont des zones aménagées et sécurisées. Ils sont réalisés chaque jour du 15 décembre au 30 avril, et deux fois par semaine, du 1er novembre au 15 décembre et du 1er avril au 15 juin. Ils décrivent les conditions de neige et le risque d'avalanche associé par massif pour les Alpes, les Pyrénées et la Corse.Et pour les avalanches qui touchent les zones d'habitations ?
P. Etchevers : Les avalanches font partie des phénomènes météo dangereux couverts par la carte de vigilance météo. En cas de risque avalancheux élevé, les départements concernés sont signalés en orange ou rouge. Cette information est largement diffusée et relayée par les radios et télévisions et accompagnée de conseils pour se protéger. Les périodes favorables aux crues avalancheuses à l'échelle d'un massif ou d'une vallée sont en général bien détectées à l'avance. Cela permet aux décideurs locaux de prendre des mesures préventives.Qui est chargé de l'estimation du risque d'avalanche ?
P. Etchevers : Météo-France s'est vu confié cette mission en 1970 à la suite d'une avalanche particulièrement meurtrière*. Notre Centre d'études de la neige, une unité de recherche spécialisée basée à Grenoble, assure la coordination technique. Les bulletins sont rédigés par 9 centres départementaux spécialisés en météo de montagne. Mais, la prévision du risque d'avalanche repose avant tout sur un partenariat entre les stations de sports d'hiver et Météo-France pour l'observation des conditions météorologiques et le suivi de l'évolution du manteau neigeux.Quelles sont les techniques utilisées pour évaluer le risque d'avalanche ?
P. Etchevers : La neige est un matériau qu'on pourrait qualifier de "vivant", car il est en perpétuelle évolution. Une fois au sol, les grains de neige se transforment en permanence. Le manteau neigeux ressemble à un millefeuille : il est composé de couches de neige successives. La cohésion de l'ensemble évolue en fonction des conditions météorologiques (vent, chutes de neige, température). Pour connaître le degré de stabilité du manteau neigeux, il faut d'abord l'observer.Quels sont ces moyens d'observation ?
P. Etchevers : Nous avons mis en place un réseau nivo-météorologique destiné à l'observation du manteau neigeux. Il comprend 140 stations situées entre 1 000 et 2500 m d'altitude. Il fonctionne principalement grâce à la collaboration avec les stations de sports d'hiver. Les pisteurs fournissent des observations deux fois par jour et une fois par semaine une description détaillée du manteau neigeux. D'autres mesures proviennent du réseau Nivôse, 20 stations automatiques situées cette fois entre 1 700 et 3 100 m d'altitude.Est-ce que Météo-France modélise la neige comme il modélise l'atmosphère ?
P. Etchevers : Oui et non ! Le Centre d'études de la neige a développé trois modèles (simulations informatiques) : Safran, Crocus et Mépra. Safran reconstitue heure par heure les conditions météo d'un massif, à une exposition et à une altitude données. Crocus simule les principaux processus au sein du manteau neigeux. Enfin, Mépra évalue le risque d'avalanche du manteau neigeux simulé par Crocus.
Les résultats des trois modèles sont ensuite comme pour les prévisions atmosphériques expertisés par les prévisionnistes. Ceux-ci déterminent alors la nature du risque d'avalanche et son niveau d'intensité. Les modèles nivologiques sont cependant moins précis que les modèles météorologiques, ils ne sont utilisés que pour une prévision à 48 heures.Comment est exprimé le niveau d'intensité du risque d'avalanche ?
P. Etchevers : On utilise pour cela l'échelle européenne du risque d'avalanche qui définit 5 niveaux, 5 étant le risque le plus élevé. Cette échelle commune a été adoptée en avril 1993 par les pays de l'arc alpin. Il s'agissait de proposer aux pratiquants de la montagne un outil d'évaluation des risques unique et cohérent. Elle est utilisée aujourd'hui par tous les pays d'Europe occidentale.L'échelle européenne de risque d'avalanche : http://france.meteofrance.com/content/2008/4/3285-43.jpg
Avec un risque de niveau 1, on peut donc partir skier hors piste en toute sécurité ?
P. Etchevers : Ce n'est pas si simple. Remarquez d'ailleurs une chose : l'échelle de risque d'avalanche court de 1 à 5, pas de 0 à 5. Les bulletins ne sont en aucun cas une sorte de feu vert ou rouge. C'est une aide à la décision pour ceux qui pratiquent la montagne hors des pistes balisées et ouvertes au public.
La montagne est un milieu hostile. Il faut apprendre à bien la connaître. S'informer de la situation neigeuse et avalancheuse, c'est évaluer les risques prévus et adapter son comportement aux conditions de neige, à son niveau technique et son endurance. Au besoin, on peut bien sûr aussi consulter les professionnels de la montagne.- Le 10 février 1970, une avalanche cause la mort de 39 personnes en emportant un chalet UCPA de Val d'Isère. Une Mission interministérielle d'étude sur la sécurité des stations de montagne est nommée dans l'urgence pour enquêter sur cette catastrophe et proposer des moyens de lutter contre les risques propres à la montagne.
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Source : http://comprendre.meteofrance.com/jsp/s ... e_id=16404
La prévision du risque d'avalanche
La neige est un des principaux domaines d'étude de la météorologie, avec l'atmosphère, l'océan ou la banquise. Elle est étudiée dans l'atmosphère où elle se forme, et au sol, où elle constitue le manteau neigeux. En montagne, elle peut représenter un danger mortel lorsqu'elle s'écoule sous forme d'avalanche. En France, une centaine de personnes sont emportées chaque année par une avalanche.
Entretien avec Pierre Etchevers,
responsable du Centre d'études de la neige (CEN) de Météo-France.Comment se produisent les avalanches ?
Pierre Etchevers : Les avalanches dites spontanées se produisent sous l'effet d'agents naturels : chutes de neige, pluies ou rayonnement solaire. Certaines d'entre elles peuvent couvrir de vastes zones et parfois atteindre des routes ou des habitations. Celles-ci sont le plus souvent la conséquence d'abondantes chutes de neige.
Les avalanches dites provoquées sont déclenchées par des skieurs. Les conditions météorologiques influent peu ici. C'est plutôt la qualité de la neige et l'empilement des différentes couches qui sont déterminants. Sur certains manteaux neigeux instables, la surcharge d'un skieur ou d'un piéton peut déclencher une avalanche. La raideur et la forme de la pente jouent aussi un rôle.Quel type d'avalanche est le plus dangereux ?
P. Etchevers : Les avalanches dites spontanées sont potentiellement dévastatrices : une seule avalanche de ce type peut entraîner la mort de nombreuses personnes. Pour limiter leurs effets, des dispositions permanentes en matière de construction ont été prises, avec notamment des ouvrages paravalanches et une réglementation adaptée. En cas de situation avalancheuse prévue, des mesures temporaires permettent de limiter les déplacements ou d'évacuer des zones exposées.
Les avalanches dites provoquées sont la cause principale des accidents mortels par avalanche. En France, on dénombre chaque année une trentaine de victimes. L'enjeu est donc d'identifier les probabilités de déclenchement, de localiser les zones à risques et bien sûr d'informer.C'est donc le rôle de la prévision du risque d'avalanche ?
P. Etchevers : Pour être exact, on devrait plutôt parler "d'estimation" du risque d'avalanche. Ce type de prévision consiste en effet à évaluer la stabilité du manteau neigeux et à envisager ses potentielles ruptures. L'objectif étant de fournir aux pratiquants et professionnels de la montagne une indication utile sur le risque d'avalanche. Indication qu'il devra bien sûr confronter aux observations du terrain.Comment se présente l'information neige et avalanche de Météo-France ?
P. Etchevers : Ce sont les bulletins départementaux d'estimation du risque d'avalanche. Ils sont destinés notamment aux skieurs, surfeurs ou randonneurs et ne couvrent habituellement pas les domaines skiables qui sont des zones aménagées et sécurisées. Ils sont réalisés chaque jour du 15 décembre au 30 avril, et deux fois par semaine, du 1er novembre au 15 décembre et du 1er avril au 15 juin. Ils décrivent les conditions de neige et le risque d'avalanche associé par massif pour les Alpes, les Pyrénées et la Corse.Et pour les avalanches qui touchent les zones d'habitations ?
P. Etchevers : Les avalanches font partie des phénomènes météo dangereux couverts par la carte de vigilance météo. En cas de risque avalancheux élevé, les départements concernés sont signalés en orange ou rouge. Cette information est largement diffusée et relayée par les radios et télévisions et accompagnée de conseils pour se protéger. Les périodes favorables aux crues avalancheuses à l'échelle d'un massif ou d'une vallée sont en général bien détectées à l'avance. Cela permet aux décideurs locaux de prendre des mesures préventives.Qui est chargé de l'estimation du risque d'avalanche ?
P. Etchevers : Météo-France s'est vu confié cette mission en 1970 à la suite d'une avalanche particulièrement meurtrière*. Notre Centre d'études de la neige, une unité de recherche spécialisée basée à Grenoble, assure la coordination technique. Les bulletins sont rédigés par 9 centres départementaux spécialisés en météo de montagne. Mais, la prévision du risque d'avalanche repose avant tout sur un partenariat entre les stations de sports d'hiver et Météo-France pour l'observation des conditions météorologiques et le suivi de l'évolution du manteau neigeux.Quelles sont les techniques utilisées pour évaluer le risque d'avalanche ?
P. Etchevers : La neige est un matériau qu'on pourrait qualifier de "vivant", car il est en perpétuelle évolution. Une fois au sol, les grains de neige se transforment en permanence. Le manteau neigeux ressemble à un millefeuille : il est composé de couches de neige successives. La cohésion de l'ensemble évolue en fonction des conditions météorologiques (vent, chutes de neige, température). Pour connaître le degré de stabilité du manteau neigeux, il faut d'abord l'observer.Quels sont ces moyens d'observation ?
P. Etchevers : Nous avons mis en place un réseau nivo-météorologique destiné à l'observation du manteau neigeux. Il comprend 140 stations situées entre 1 000 et 2500 m d'altitude. Il fonctionne principalement grâce à la collaboration avec les stations de sports d'hiver. Les pisteurs fournissent des observations deux fois par jour et une fois par semaine une description détaillée du manteau neigeux. D'autres mesures proviennent du réseau Nivôse, 20 stations automatiques situées cette fois entre 1 700 et 3 100 m d'altitude.Est-ce que Météo-France modélise la neige comme il modélise l'atmosphère ?
P. Etchevers : Oui et non ! Le Centre d'études de la neige a développé trois modèles (simulations informatiques) : Safran, Crocus et Mépra. Safran reconstitue heure par heure les conditions météo d'un massif, à une exposition et à une altitude données. Crocus simule les principaux processus au sein du manteau neigeux. Enfin, Mépra évalue le risque d'avalanche du manteau neigeux simulé par Crocus.
Les résultats des trois modèles sont ensuite comme pour les prévisions atmosphériques expertisés par les prévisionnistes. Ceux-ci déterminent alors la nature du risque d'avalanche et son niveau d'intensité. Les modèles nivologiques sont cependant moins précis que les modèles météorologiques, ils ne sont utilisés que pour une prévision à 48 heures.Comment est exprimé le niveau d'intensité du risque d'avalanche ?
P. Etchevers : On utilise pour cela l'échelle européenne du risque d'avalanche qui définit 5 niveaux, 5 étant le risque le plus élevé. Cette échelle commune a été adoptée en avril 1993 par les pays de l'arc alpin. Il s'agissait de proposer aux pratiquants de la montagne un outil d'évaluation des risques unique et cohérent. Elle est utilisée aujourd'hui par tous les pays d'Europe occidentale.L'échelle européenne de risque d'avalanche : http://france.meteofrance.com/content/2008/4/3285-43.jpg
Avec un risque de niveau 1, on peut donc partir skier hors piste en toute sécurité ?
P. Etchevers : Ce n'est pas si simple. Remarquez d'ailleurs une chose : l'échelle de risque d'avalanche court de 1 à 5, pas de 0 à 5. Les bulletins ne sont en aucun cas une sorte de feu vert ou rouge. C'est une aide à la décision pour ceux qui pratiquent la montagne hors des pistes balisées et ouvertes au public.
La montagne est un milieu hostile. Il faut apprendre à bien la connaître. S'informer de la situation neigeuse et avalancheuse, c'est évaluer les risques prévus et adapter son comportement aux conditions de neige, à son niveau technique et son endurance. Au besoin, on peut bien sûr aussi consulter les professionnels de la montagne.- Le 10 février 1970, une avalanche cause la mort de 39 personnes en emportant un chalet UCPA de Val d'Isère. Une Mission interministérielle d'étude sur la sécurité des stations de montagne est nommée dans l'urgence pour enquêter sur cette catastrophe et proposer des moyens de lutter contre les risques propres à la montagne.